Script original :

Scène 14 : WC

 Il va aux toilettes. Nerveusement, il commence à siffler en allant faire ses besoins. Les deux hommes entrent alors dans la pièce. Ambiance très tendue. Chacun se dirige d’un côté de Bryan et fait ce qu’il a à faire.

Crayonné, première version :

On retrouve ici le garçon dans une scène clé de ce tome 1. J’ai réalisé trois versions différentes du crayonné, qui ont chacune leur particularité. La première version met clairement l’accent sur l’état d’esprit du garçon. On sait ce qu’il pense, et sa posture nous montre qu’il a du mal à supporter sa situation. Cette première version ne comportait qu’un nombre réduit de trois cases. La narration en était donc réduite à son plus simple aspect. La première case a clairement été la plus difficile à dessiner : la posture du garçon, la perspective, le décor et la place du texte étaient autant d’éléments à assembler et à rendre cohérents entre eux. Dans cette « scène des toilettes », je voulais absolument montrer le garçon devant une glace, et qu’on voit son reflet. Ainsi naquit la case 2. Enfin, la troisième et dernière case est l’arrivée des deux hommes qui espionnent notre jeune héros depuis la salle de cinéma. J’ai joué avec la contre-plongée dans cette dernière vignette, et le résultat de la case ne m’a définitivement pas satisfait. Pour finir, parlons un peu de ces quelques lignes de textes présentes dans les deux premières cases. Dans ma BD, on trouve déjà assez peu de texte. Toute bulle est donc bonne à lire et a une importance dans l’information qu’elle délivre. Mais depuis la page 19, on peut lire les pensées du garçon. Cela modifie la place du narrateur qui n’est alors plus objectif, puisque c’est un personnage qui s’empare de ce rôle. On remarquera également que c’est le seul et unique protagoniste de l’histoire à pouvoir nous communiquer ses pensées. Cet élément jouera un rôle plus important dans la narration globale et sera en quelque sorte le fil qui reliera le tome 1 au tome 2.

 N’étant pas satisfait de ma case 3, et ayant commencé un encrage catastrophique sur les deux premières cases, j’ai naturellement mis en chantier une deuxième version de la planche.

Crayonné, deuxième version :

Tous les éléments de la précédente version sont ici de retour, mais dessinés et donc perçus sous un autre angle. Le fond et l’intention restent les mêmes durant les trois premières vignettes, je ne reviendrai donc pas sur ce point. Graphiquement cependant, il y a du changement. La première case de cette version montre la même chose que la première case de la première version, mais avec une vue du garçon de face. C’est une manière de directement deviner l’émotion à la fois dans sa posture et son regard (chose qui était découpée en deux cases dans la première version). La deuxième case est particulière car j’ai voulu y introduire un effet d’ombre particulier. L’ombre du garçon devait englober le personnage, être plus grande que lui, presque menaçante. La troisième case est la jumelle de la dernière case de la première version. La « caméra » est simplement déplacée. Ici encore, j’ai été déçu du rendu du crayonné à cause de cette case. Le garçon a une anatomie plus que critiquable, et les deux hommes n’impressionnent pas. La dernière case quant à elle est une copie conforme de la deuxième case de la version 1, à l’exception de sa place dans le temps. Elle montre l’action qui se situe après l’entrée des deux hommes, et l’intention de l’image n’est donc plus du tout la même : au lieu d’intensifier l’émotion du garçon comme dans la première version, j’ai préféré me servir de ce point de vue pour transcrire un sentiment de menace qui plane, qui se rapproche doucement. Il faut préciser que les pensées du garçon ont ici disparu. En effet, J’ai trouvé plus juste de laisser la totalité de la scène dans un silence religieux, pour ne mettre en valeur que l’action qui se déroule devant nos yeux. Il s’agit donc de deviner les intentions, les sentiments de chacun uniquement en regardant leurs visages et leur attitude (ce qui m’incite donc à bien travailler cela au dessin).

Cependant, Il s’est écoulé presque deux mois avant que je ne décide d’encrer cette planche…et plus le temps passe, plus les défauts sautent aux yeux. Il m’est donc apparu impensable de ne pas m’attaquer à une troisième version…

Crayonné, version finale :        Encrage :
          

Troisième et dernière version de la page ! Au bout de trois versions, en général je commence à en avoir marre de faire la même chose et donc je change tout, et en mieux si possible. Je me retrouve donc avec une dernière planche qui compte désormais six cases pour raconter la même chose qu’avant. Et j’ai réussi à y intégrer pratiquement tout ce qui me tenait à cœur. La case 1 est de retour avec peu de changements, si ce n’est la posture plus droite et déterminée du garçon. A noter qu’il est ombré de manière surréaliste, puisque la lumière de l’ampoule devrait logiquement se refléter dans le miroir et éclairer le jeune homme. Mais dans ma tête, ça ne marche pas comme ça et l’image que je voyais était celle-ci, aussi irréaliste soit-elle. Ensuite, on passe à la case 2 où on retrouve ce reflet auquel je tenais tant dès la première version. C’est également là qu’on peut remarquer l’évolution du dessin du garçon ; j’ai essayé d’affiner ses traits. Dès la case 3, le garçon reprend l’attitude penchée des deux précédentes versions, et les deux hommes s’apprêtent à entrer. Cette case est la reproduction de la case 2 de la deuxième version, à peu de choses près. Jusque là, on suit toujours le schéma initial de narration de départ. Ce schéma n’a pas changé depuis la première planche, et je l’ai ici tout simplement étendu, étiré sur quelques cases supplémentaires. En case 4, retour à la contre plongée de la case 3 de la version 1, en plus rapprochée pour mieux mettre en valeur les deux hommes. La case 5 crée un lien visuel entre ces deux hommes et le garçon, qui les remarque désormais dès leur entrée. Enfin, la dernière vignette est exactement la même que la dernière vignette de la deuxième version, à la différence que ce n’est pas le même personnage que l’on voit en reflet. Et j’y ai amélioré le dessin du visage du garçon, en lui inclinant un peu la tête en avant.

En somme, il m’aura fallu trois versions pour réussir à transposer l’image de la scène que j’avais en tête. Etant donnés les deux mois sur lesquels s’est étendu le dessin de ces trois versions, l’intention de la scène a évolué, j’ai mis l’accent sur différents aspects de la scène à chaque fois. Comme d’habitude, chaque page est une petite histoire à elle toute seule, et la dernière case laisse normalement le lecteur en suspens. Que préparent les deux hommes ? La réponse dès les deux prochaines pages.

Enfin, on remarque la différence entre le scénario et la scène dessinée. A l’origine, j’avais écrit que le garçon repérait les deux hommes pendant qu’il était au cinéma, et c’est précisément ce fait qui le faisait fuir la salle obscure pour se réfugier dans les toilettes. D’où cette atmosphère tendue dans la version écrite.

Voici une idée de couverture qui m'est venue en tête récemment. Entièrement en noir et blanc, elle met en avant les deux personnages principaux de la BD, sans rien dévoiler de l'intrigue.

Script original :

Scène rajoutée, aucun script original

Crayonné :                          Encrage :

Vingt-et-unième page de l'aventure! Les événements se succèdent, et chacun des personnages va connaître une épreuve qui va le conduire à un chamboulement général. Ici, c'est Jadis qui subit l'assaut de sa propre société par une mystérieuse jeune femme... Je continue ici de jouer avec le noir et blanc. Les deux premières cases, vues de face, sont très claires, tandis que le reste est dans un ton plus sombre. Pour la première case, Je me suis entraîné à faire une contre plongée pour la première apparition de la femme. Elle a ici une allure qui lui donne un air assez méchant, dur. Elle domine Jadis dès son arrivée. Mais en case 2, elle ôte ses lunettes, se découvre, et laisse apparaître une mine de jeune femme douce. Le contraste entre son physique et sa personnalité est totalement volontaire. Un méchant ne doit, selon moi, pas toujours avoir des yeux rouges et des dents pointues... En case 3, on aperçoit la marque qu'avait laissé Kathy sur le mur avec son poing. J'ai essayé de reproduire le bureau tel qu'il l'était en page 10, tout en y apportant quelques améliorations, comme à la page précédente. La page se termine sur un Jadis plus remonté que jamais, prêt à l'affrontement, et une demoiselle menaçante et posée. Le personnage de Jadis était censé jusque là évoquer le "méchant" de l'histoire. On découvre ici qu'un être encore plus noir que lui prend cette place dans cette planche. La page suivante laisse le mystère du sort de Jadis entier, puisqu'on revient au cinéma voir ce qu'il advient du garçon.

Script original :

dernière phrase du script de la page précédente "Bryan finit par les remarquer, et sort de la salle en s’excusant.". La deuxième partie de la planche introduit une scène absente du script original

Crayonné :                          Encrage :
   

Une nouveauté sur cette page : la transition entre les deux scènes en milieu de planche. J'avais depuis le début adopté un format qui se caractérisait par un changement de scène ou de situation à chaque début de planche. Ici, je modifie un peu cette habitude. On voit tout d'abord le garçon quitter la salle, suivi de 2 types pas très rassurants. On enchaîne sur un Monsieur Jadis tourmenté, assis dans son bureau, qui reçoit une visite inattendue et pas forcément amicale... Les questions à se poser ici sont évidemment "qui sont les deux hommes qui suivent le garçon?", "pourquoi Jadis est-il aussi tourmenté?" et "mais qui donc se trouve au bout de la main qui tient cette arme à feu dans la dernière case?" Côté dessin, j'ai décidé sur cette page de réintégrer un élément souvent absent : les décors! en case 1 et 3, j'ai essayé de donner de la profondeur. En case 4, j'ai testé un angle de vue du genre 2D isométrique, toujours pour me permettre de travailler les décors et la perspective. On retrouve par ailleurs le bureau de Jadis déjà aperçu en page 10. Dans la première case, j'ai essayé de donner un air presque fantomatique aux spectateurs, une espèce d'expression faciale commune et...inexpressive. Case 2, le gars du premier plan n'est autre que votre humble serviteur (moi, donc...). Je me suis pris en photo dans la position voulue avant de me dessiner dans cette case (en m'arrangeant au passage bien sûr.). En case 3, on peut apercevoir l'image du film que le garçon est venu voir. J'ai fait pour cela un dessin assez filaire ,pour pas que l'image de l'écran ne prenne plus d'importance que les personnages. Enfin, le flingue en case 6 est dessiné à partir d'un vrai modèle photo.

Je poste ce petit message pour vous signaler que j'ai réalisé une mise à jour dans les fiches des personnages. J'y ai ajouté les influences et origines de leurs apparences.
J'ai également ajouté une fiche en plus : Jenny, la jeune fille présente en page 19.

j'en profite pour vous annoncer l'arrivée prochaine d'une nouvelle catégorie qui présentera les lieux importants, et je travaille sur une autre catégorie qui regrouperait toutes les incohérences de la bd, autant au niveau scénaristique que visuel, catégorie à laquelle vous seriez vous même invités à participer en repérant les incohérences et erreurs diverses.

Voilà, vous pouvez me donner votre avis sur tout ça dans les commentaires, comme d'habitude!

Jenny accompagne notre jeune héros, le garçon, au cinéma. Elle est celle dont il rêve depuis toujours. Mais elle déçoit le jeune homme amoureux en ramenant avec elle une amie très bavarde...

C'est un personnage de passage, qu'on ne reverra sans doute pas. Elle permet, entre deux scènes d'action et de tension, de placer un moment d'humour.

Script original :

Scène 13 : séance surréaliste

    Bryan se place à coté de Jenny qui est à coté de ses deux copines. Les trois jeunes filles discutent entre elles, rient, ne montre pas le moindre intérêt pour Bryan, qui se rabat sur ses pop corn, dépité. Derrière lui, deux hommes (costard, cravate, lunettes noires) s’assoient, l’air très sérieux. Bryan finit par les remarquer, et sort de la salle en s’excusant.

Crayonné :                          Encrage :

Cette scène est une rupture avec le reste du récit, une sorte de page de transition pour reposer un peu le lecteur dans le récit. L'histoire est plus axée sur le comique de situation. Pour trouver l'idée de cette scène, j'ai essayé d'imaginer la pire chose qu'il pouvait arriver à un garçon timide pour un rencard avec la fille de ses rêves. Et la réponse qui m'a semblé correspondre le mieux était que celle-ci invite une amie qui gâcherait toute la séance de cinéma! J'ai mis l'accent ici sur les expressions, on voit surtout des gros plans des persos. Le lieu du cinéma m'a permis de jouer avec l'obscurité, et rester dans cette ambiance très sombre. J'ai aussi testé une nouvelle technique pour dessiner les cheveux. Ils sont assez détaillés, mais je ne les ai pas ombrés. Ca donne un contraste assez bizarre, je pense faire un mixage de cette technique et mon ancienne façon de les dessiner pour la suite de l'histoire. C'est également dans cette page qu'interviennent les premiers personnages féminins de l'histoire. La difficulté était de leur faire des visages assez différents pour qu'on ne les confonde pas. La coiffure aide aussi à différencier. On peut remarquer aussi que c'est la première fois qu'un narrateur fictif intervient, avant cela, nous ne connaissions jamais les pensées des personnages. Cela jouera un rôle plus important vers la fin de ce premier tome.

Voilà un superbe dessin fait par H.nico, dont vous pouvez admirer les oeuvres ici : http://www.angienoya.com/ .

c'est un fan art représentant Kathy, que vous n'aurez aucun mal à reconnaître. Le point que je tiens à souligner, c'est que les couleurs choisies, à un ou deux détails près, sont exactement celles que j'aurais utilisées moi-même pour Kathy. voilà, laissez autant de commentaires que vous voulez, ils sont mérités!

Script original :

Aucun scénario d'origine, scène rajoutée

Crayonné :                          Encrage :

Une scène de dialogue, encore une fois. Dans cette bd, on peut trouver plusieurs pages d'affilées sans un seul mot prononcé, alors que certaines autres sont remplies de textes. Un choix un peu radical, je l'admets. Ceci dit, je ne pense pas assomer le lecteur en lui transmettant trop d'informations. Je déteste moi-même avoir trop de choses à retenir en une seule scène, alors j'essaie de ne pas le faire dans mon histoire. Si certains ont un avis différent à ce sujet, surtout qu'ils me le signalent dans les commentaires, c'est un critère important pour moi. Donc, sur cette case, je reviens au noir dense du début de l'histoire (cf la salle d'opération). Je trouvais que mon histoire s'éclaircissait un peu trop à mon goût, et je voulais retrouver cette ambiance sombre, oppressante, intriguante que j'avais tenté d'instaurer dans mes deux premières pages. Très peu de décors, le seul visible est en case 1. Tous les murs sont noirs, et pour délimiter le plafond, pour situer le personnage, j'ai introduit un petit "effet Frank Miller" ( qui apparaît aussi en case 4). Encore une fois, la difficulté de cette scène était le changement d'angles de vue pour ne pas endormir le lecteur. J'ai essayé de varier au maximum ici. D'où la case de la clé, clin d'oeil au plan d'un épisode d'animatrix. Jadis est ici plus confus que jamais. Enervé par la fuite de Kathy, puis troublé par la proposition de son homme de main. Il semble fuire la solution qu'il lui suggère, sachant pourtant que c'est le seul moyen d'arrêter Kathy. Cette clef sera donc déterminante dans la suite de l'histoire...