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R-EVOLUTION
9 octobre 2007

Page 22

Script original :

Scène 14 : WC

 Il va aux toilettes. Nerveusement, il commence à siffler en allant faire ses besoins. Les deux hommes entrent alors dans la pièce. Ambiance très tendue. Chacun se dirige d’un côté de Bryan et fait ce qu’il a à faire.

Crayonné, première version :
p22crayon

On retrouve ici le garçon dans une scène clé de ce tome 1. J’ai réalisé trois versions différentes du crayonné, qui ont chacune leur particularité. La première version met clairement l’accent sur l’état d’esprit du garçon. On sait ce qu’il pense, et sa posture nous montre qu’il a du mal à supporter sa situation. Cette première version ne comportait qu’un nombre réduit de trois cases. La narration en était donc réduite à son plus simple aspect. La première case a clairement été la plus difficile à dessiner : la posture du garçon, la perspective, le décor et la place du texte étaient autant d’éléments à assembler et à rendre cohérents entre eux. Dans cette « scène des toilettes », je voulais absolument montrer le garçon devant une glace, et qu’on voit son reflet. Ainsi naquit la case 2. Enfin, la troisième et dernière case est l’arrivée des deux hommes qui espionnent notre jeune héros depuis la salle de cinéma. J’ai joué avec la contre-plongée dans cette dernière vignette, et le résultat de la case ne m’a définitivement pas satisfait. Pour finir, parlons un peu de ces quelques lignes de textes présentes dans les deux premières cases. Dans ma BD, on trouve déjà assez peu de texte. Toute bulle est donc bonne à lire et a une importance dans l’information qu’elle délivre. Mais depuis la page 19, on peut lire les pensées du garçon. Cela modifie la place du narrateur qui n’est alors plus objectif, puisque c’est un personnage qui s’empare de ce rôle. On remarquera également que c’est le seul et unique protagoniste de l’histoire à pouvoir nous communiquer ses pensées. Cet élément jouera un rôle plus important dans la narration globale et sera en quelque sorte le fil qui reliera le tome 1 au tome 2.

 N’étant pas satisfait de ma case 3, et ayant commencé un encrage catastrophique sur les deux premières cases, j’ai naturellement mis en chantier une deuxième version de la planche.

Crayonné, deuxième version :
p22crayon2

Tous les éléments de la précédente version sont ici de retour, mais dessinés et donc perçus sous un autre angle. Le fond et l’intention restent les mêmes durant les trois premières vignettes, je ne reviendrai donc pas sur ce point. Graphiquement cependant, il y a du changement. La première case de cette version montre la même chose que la première case de la première version, mais avec une vue du garçon de face. C’est une manière de directement deviner l’émotion à la fois dans sa posture et son regard (chose qui était découpée en deux cases dans la première version). La deuxième case est particulière car j’ai voulu y introduire un effet d’ombre particulier. L’ombre du garçon devait englober le personnage, être plus grande que lui, presque menaçante. La troisième case est la jumelle de la dernière case de la première version. La « caméra » est simplement déplacée. Ici encore, j’ai été déçu du rendu du crayonné à cause de cette case. Le garçon a une anatomie plus que critiquable, et les deux hommes n’impressionnent pas. La dernière case quant à elle est une copie conforme de la deuxième case de la version 1, à l’exception de sa place dans le temps. Elle montre l’action qui se situe après l’entrée des deux hommes, et l’intention de l’image n’est donc plus du tout la même : au lieu d’intensifier l’émotion du garçon comme dans la première version, j’ai préféré me servir de ce point de vue pour transcrire un sentiment de menace qui plane, qui se rapproche doucement. Il faut préciser que les pensées du garçon ont ici disparu. En effet, J’ai trouvé plus juste de laisser la totalité de la scène dans un silence religieux, pour ne mettre en valeur que l’action qui se déroule devant nos yeux. Il s’agit donc de deviner les intentions, les sentiments de chacun uniquement en regardant leurs visages et leur attitude (ce qui m’incite donc à bien travailler cela au dessin).

Cependant, Il s’est écoulé presque deux mois avant que je ne décide d’encrer cette planche…et plus le temps passe, plus les défauts sautent aux yeux. Il m’est donc apparu impensable de ne pas m’attaquer à une troisième version…

Crayonné, version finale :        Encrage :
p22crayon3           p22

Troisième et dernière version de la page ! Au bout de trois versions, en général je commence à en avoir marre de faire la même chose et donc je change tout, et en mieux si possible. Je me retrouve donc avec une dernière planche qui compte désormais six cases pour raconter la même chose qu’avant. Et j’ai réussi à y intégrer pratiquement tout ce qui me tenait à cœur. La case 1 est de retour avec peu de changements, si ce n’est la posture plus droite et déterminée du garçon. A noter qu’il est ombré de manière surréaliste, puisque la lumière de l’ampoule devrait logiquement se refléter dans le miroir et éclairer le jeune homme. Mais dans ma tête, ça ne marche pas comme ça et l’image que je voyais était celle-ci, aussi irréaliste soit-elle. Ensuite, on passe à la case 2 où on retrouve ce reflet auquel je tenais tant dès la première version. C’est également là qu’on peut remarquer l’évolution du dessin du garçon ; j’ai essayé d’affiner ses traits. Dès la case 3, le garçon reprend l’attitude penchée des deux précédentes versions, et les deux hommes s’apprêtent à entrer. Cette case est la reproduction de la case 2 de la deuxième version, à peu de choses près. Jusque là, on suit toujours le schéma initial de narration de départ. Ce schéma n’a pas changé depuis la première planche, et je l’ai ici tout simplement étendu, étiré sur quelques cases supplémentaires. En case 4, retour à la contre plongée de la case 3 de la version 1, en plus rapprochée pour mieux mettre en valeur les deux hommes. La case 5 crée un lien visuel entre ces deux hommes et le garçon, qui les remarque désormais dès leur entrée. Enfin, la dernière vignette est exactement la même que la dernière vignette de la deuxième version, à la différence que ce n’est pas le même personnage que l’on voit en reflet. Et j’y ai amélioré le dessin du visage du garçon, en lui inclinant un peu la tête en avant.

 

En somme, il m’aura fallu trois versions pour réussir à transposer l’image de la scène que j’avais en tête. Etant donnés les deux mois sur lesquels s’est étendu le dessin de ces trois versions, l’intention de la scène a évolué, j’ai mis l’accent sur différents aspects de la scène à chaque fois. Comme d’habitude, chaque page est une petite histoire à elle toute seule, et la dernière case laisse normalement le lecteur en suspens. Que préparent les deux hommes ? La réponse dès les deux prochaines pages.

Enfin, on remarque la différence entre le scénario et la scène dessinée. A l’origine, j’avais écrit que le garçon repérait les deux hommes pendant qu’il était au cinéma, et c’est précisément ce fait qui le faisait fuir la salle obscure pour se réfugier dans les toilettes. D’où cette atmosphère tendue dans la version écrite.

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